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Vendredi dernier, malgré un rhume carabiné, je suis allée assister à une conférence de Marie-Françoise Neveu, organisée par la Boite à Aider d’Auray (merci Sarah et merci Marion !!). Marie-Françoise Neveu est psychomotricienne, psychopédagogue, psychologue clinicienne, psychothérapeute holistique, notamment auprès d’enfants. Autant dire que son approche est globale, très globale. Et c’est bienvenu !
J’avais été conquise par son livre « Les enfants ‘actuels’ – Le défi cerveau droit dans un univers cerveau gauche » , avec l’impression que quelqu’un mettait des mots sur une réalité ressentie de l’intérieur. Voir cette dame en vrai fut la cerise sur le gâteau.
Qu’entend-elle par ‘enfants actuels’ ? D’emblée, elle précise qu’elle parle d’enfants de « 0 à 100 ans ». Autrement dit, le phénomène n’est pas une question d’âge. Mais il est grandissant et actuel et donc touche de plus en plus d’êtres arrivant et arrivés sur Terre. Mais quel phénomène? Celui de la multiplication de personnes à profil « cerveau droit », et qui n’est pas prêt de s’arrêter, comme un changement lent mais tenace de paradigme de part la nature fondamentalement cyclique et évolutive de l’espèce humaine.
Jusqu’ici, quelles valeurs dominaient et dominent encore notre monde? Analyse, logique, raison (entre autres). Or un vent nouveau se lève, d’où le florilège croissant d’enfants à profil atypique ne rentrant pas dans le moule et dérangeant le confortable stato quo des habitudes et croyances en place.
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Mais, mais, mais. Bien sûr, il ne s’agit pas de poser des étiquettes ni d’enfermer les choses dans de simples cases binaires. La dichotomie « cerveau gauche » versus « cerveau droit » est donc à ne pas prendre au pied de la lettre.
Et bien sûr les marginaux ont toujours existé au cours de l’histoire, ce n’est pas nouveau. Jésus, De Vinci, Copernic, Galilée, Einstein parmi tant d’autres ont été des acteurs essentiels de cassage de codes par le coup de pied dans la fourmilière qu’ils ont apporté, au prix souvent de leur propre vie. Bonne nouvelle! Aujourd’hui au 21ème siècle, les ‘enfants actuels’ arrivent en masse et l’on peut s’attendre à ce que soient jetés un sacré paquet d’autres pavés dans nos mares. Sauf qu’ils débarquent sans être équipés dans un monde lui-même non équipé pour les comprendre.
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Qui sont-ils ? Pour les décrire, Marie-Françoise utilise de jolies métaphores. Les « cerveau gauche » viennent sur Terre en étant déjà familiers de tout ce qui a trait à l’élément Terre, et appelés à évoluer vers tout ce qui sous-tend l’élément Air ou Ciel: comme des graines. Les « droits » viennent en étant déjà en mode Air/Ciel avec pour tâche d’apprendre tout ce qui sous-tend l’élément Terre : comme des boutures.
En effet, les graines sont plantées dans la terre et poussent vers le ciel, et les boutures sont plantées après avoir déjà poussé vers le ciel, leur job au contraire est de prendre racine pour continuer à s’élever.
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Une autre image qu’elle utilise est celle de la Tour Eiffel pour illustrer leur différence de fonctionnement. C’est comme si les « Gauches/Graines » habitaient au premier étage: ils voient les choses de très près, en détails très fins, leur vue est précise et ciblée. Alors que les « Droits/Boutures » eux habitent au 3ème, voire 10ème, voire 100ème étage: leur vue est on ne peut plus globale, étendue. Ils ont le sens de la perspective, ils sont intuitifs, par contre la focale, la précision analytique et le détail ne sont pas leur fort, en tout cas au départ.
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Mais, mais, mais ! Il va sans dire qu’il n’ y a aucun jugement de valeur ici. C’est une description factuelle de la différence entre deux façons d’appréhender le monde complémentaires.
N’empêche que, il serait temps de rétablir cet équilibre justement, dans un système coincé au 1er étage qui gagnerait à prendre de la hauteur et think un peu plus outside the box. Et ça tombe bien! C’est ce pour quoi ces ‘enfants actuels de 0 à 100 ans’ viennent. Sauf que, en bonne boutures débarquant dans un monde de graines, ils ne sont pas équipés pour démarrer ! D’où la souffrance qui peut venir avec.
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On comprend alors pourquoi ils vont avoir du mal à :
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° ressentir et habiter leur corps (mais pas leur tête, qui elle foisonne)
° s’orienter dans le temps et dans l’espace relatifs terrestres
° comprendre ce qu’on attend d’eux à l’école (ils sont avides de sens mais n’y en trouvent peu/pas)
° s’intégrer dans un groupe (bien que sociaux ils sont sensoriellement hypersensibles donc vite sur-stimulés)
° dérouler consciemment le raisonnement leur ayant permis d’arriver à une réponse ou un résultat (ils savent mais ne savent pas comment ils savent)
° s’exprimer fluidement (ils pensent en images, pas en mots)
° s’exprimer un mot après l’autre (l’image contient toutes les infos en simultané, contrairement aux mots qui sont des séquences successives)
° écrire (leur pensée va plus vite que leur geste)
° comprendre & respecter des règles qu’on leur impose (au lieu de les leur expliquer d’égal à égal)
° faire la différence entre p et q, d et b (d’en haut on ne voit pas de tels détails!)
° naviguer dans l’océan infini des graphèmes français (o, au, aux, aud, eau, ot…) quand le son est le même
° être calmes, posés, attentifs 8h par jour (ils n’ont pas encore de prise de terre!)
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La question est donc: Comment les aider à ne plus avoir cette sensation de forcer un pied de taille 35 dans une chaussure de taille 29?
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En « prenant une taille au dessus » :
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D’abord, en les acceptant tels qu’ils sont, dans la mesure du possible. En accueillant leur particularité au lieu de vouloir la conformer. En les outillant au mieux pour se retrouver dans le mode cerveau gauche qui définit encore notre société pour le moment. En les invitant à se connecter le plus souvent possible à leur corps, leurs sens, leurs sensations, à la Nature. En leur laissant du temps et de l’espace pour exprimer leur créativité, inventivité, imagination. En les aidant à canaliser cette grande énergie mentale, et en nourrissant leur curiosité. En les aidant à construire du sens là où ils en recherchent.
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Plus concrètement? Quelques idées:
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° Aller régulièrement prendre des bains de forêt
° Marcher pieds nus (sur l’herbe, sur le sable)
° Apprendre des techniques de respiration (cohérence cardiaque, Pranayamas, etc.)
° Découvrir la méditation, le yoga
° Inviter la pleine conscience dans le quotidien: marcher, respirer, manger en pleine conscience
° Transmettre des outils d’identification et verbalisation du vécu émotionnel: une émotion reconnue et exprimée est une émotion fluidifiée et libérée
° Fournir des opportunités pédagogiques de manipulation : manipuler (corps) enrichit la faculté d’abstraction (tête): cubes, billes, lettres dans le sable, etc.
° Être attentif à la qualité de leur alimentation: limiter le sucre, le gluten, le lactose (des « bombes à retardement ») , éviter les additifs
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Et en termes d’épanouissement scolaire:
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° Permettre à ceux aux besoins spécifiques (dys notamment) d’écrire sur un clavier (mode dactylographique) pour contourner la lenteur occasionnée par le geste grapho-moteur de l’écrit qui frustre leur pensée éclair
° Faire grande place au JEU, à la créativité, l’expression, la liberté, la construction de sens, au respect du rythme individuel, à la relation horizontale plutôt que verticale
° Expliciter et modéliser, à la lumière des sciences cognitives, comment fonctionne un cerveau qui apprend
° Apprendre à apprendre, conscientiser le chemin de ses stratégies mentales, comprendre son imagerie intérieure, mettre des mots sur l’organisation de sa pensée
° Et plein d’autres solutions en cours de construction par moults… adultes actuels ! <3
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Bonsoir, oui j’adhère ce sont des être connecté à l’espèce, l’univers…c’était à Auray la conférence? La créativité libère leurs émotions car ils sont hypersendibles…..merci pour ce partage.
Merci Laure ! Oui, c’était à Auray. Une magnifique conférence !
Article remarquablement bien écrit et très complet !!! Bravo Marie et merci pour ce magnifique article ❤️
Merci beaucouuup Sarah <3