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Comment la goutte d’eau a t-elle conscience d’être goutte d’eau parmi l’immensité indivisible que constitue l’océan ?

En tant qu’êtres humains, il semble qu’à partir d’environ 2 ans, nous ayons besoin de ressentir que nous sommes uniques, que nous sommes nous et pas un autre.

Or nous faisons d’emblée partie, dans les différents systèmes existants (famille, école, entreprise, nation, humanité), d’un vaste collectif au sein duquel nous évoluons quotidiennement par le jeu infiniment complexe d’interactions sociales, de modèles sociétaux, d’injonctions inconscientes, de conditionnements divers, de miroirs relationnels, avec tout le potentiel d’influençabilité, de perméabilité, de porosité que cela comporte.

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A l’école, par exemple, l’enfant a un rôle assigné, celui d’élève, et il vit au milieu d’autres enfants-élèves, dans un système collectif nommé classe.

La question est: au milieu d’un océan d’élèves en demande permanente d’attention, d’affection et d’écoute, si l’adulte référent est lui-même noyé face cet océan, comment peut-on se développer en tant qu’individu unique ?

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Au sein du système école, il nous est demandé de faire, de savoir, de réussir. La même chose, au même moment, dans le même temps imparti, et dans le même but.

Mais si Paul, individu de ce système, ne voit pas en quoi il est différent de son voisin de table, en quoi il est Paul et non Charles, comment peut-il avoir le sens de qui il est, donc comment peut-il croire en lui, donc comment peut-il croire en ses capacités de réussir, donc comment peut-il réussir ?

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Il ne s’agit pas de jeter la pierre. L’océan/le système fait ce qu’il peut avec ce qu’il a. Quelques gouttes d’eau/individus s’en sortent très bien telles qu’elles sont, fondues, fusionnées, mélangées, unifiées.

Malgré tout, chaque goutte d’eau/individu a besoin de se connaître et d’être reconnue en tant que goutte d’eau.

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Il est important selon moi de chérir cette unicité, cette identité, cette individualité. C’est la fondation première de notre maison intérieure, ce sont les racines de notre arbre, qui vont nous permettre de rester droit et stable en dépit des circonstances extérieures.

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Mais dans le contexte actuel, comment une personne en charge de 30 élèves, aussi bien intentionnée soit-elle, peut-elle possiblement faire honneur, au quotidien, par son écoute, sa présence et son énergie, à chacun de ces 30 élèves?

Combien d’élèves pourraient voir leur estime d’eux-mêmes améliorée, leur angoisse apaisée, leur entrain ravivé, si cela était possible?

Bien sûr, la réalité est bien plus complexe et personne n’a tort ou raison. Malgré tout, des moyens d’action gagneraient à être envisagés pour accorder enfin le temps et l’espace nécessaires pour être pris en compte pour qui l’on EST indépendamment de ce que l’on fait (ou ne fait pas).

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