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Ah, la procrastination. Un mot il y a quelques années encore assez nébuleux (« la quoi? ») qui aujourd’hui délie de plus en plus de langues. Sa connotation oscille subtilement entre péjorative et épicurienne, comme si « je voudrais bien m’en empêcher mais je le fais quand même parce que hein, carpe diem ».
Dans cet article nous allons d’abord dézoomer pour voir que procrastiner est comme tout: ni bien ni mal, avant de chausser la paire de lunettes selon laquelle la non-procratination, des fois c’est bien 🙂
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Commençons par définir ce mot pourtant de moins en moins mystérieux: je procrastine quand je remets à plus tard voire au dernier moment une tâche à réaliser. C’est cette douce tentation de donner son attention à tout sauf à cette chose que je devrai pourtant réaliser à un moment ou à un autre.
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Dans ma pratique d’accompagnement scolaire, je ne compte plus le nombre de fois où est évoqué d’emblée le problème des devoirs faits à la dernière minute. Je dis problème car c’est souvent pour ne pas dire toujours ainsi qu’est vu le phénomène.
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Dézoomons: Quels différents regards peut-on porter sur cette fameuse tendance à remettre à plus tard?
Pour ma part au risque de paraître binaire, j’ai deux paires de lunettes pour répondre à la question.
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Paire de lunettes N° 1: je procrastine
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Certains semblent câblés pour avoir besoin de se retrouver au bord de la deadline (date limite) à savoir dans l’urgence pour être cognitivement prêts à mobiliser toutes leurs capacités de concentration et d’efficacité.
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C’est un fait: pour eux l’anticipation est un effort et l’improvisation, un don.
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Alors que pour d’autres, la vie est inconcevable sans planification, agenda et to-do lists.
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Il n’y a pas de mieux ou moins bien, chacun a simplement une relation différente au temps et à sa gestion.
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Le MBTI (lien), cet outil génial d’évaluation de personnalité, offre par ailleurs un éclairage précieux vis-à-vis de cette différence: certains types sont par exemple plus naturellement projetés dans le futur et vont avoir tendance à planifier, commencer en avance et garder le cap jusqu’au bout d’une tâche pour savourer le plaisir de sa concrétisation. D’autres sont plus naturellement branchés sur le présent et vont préférer le sentiment d’ouverture et de liberté que n’offre pas pour eux le fait de préparer. Leur force est cette facilité d’accueillir ce qui est là, au présent: une souplesse d’ailleurs grandement inspirante pour ceux qui à l’inverse ‘anti-procrastinent’ (qui me parle?).
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Bien sûr je ne fais ici qu’effleurer le vaste champ de potentiels en compréhension psychologique humaine que permet l’étude approfondie de l’outil MBTI, mais l’essence de mon propos est le suivant: remettre à plus tard est une stratégie qui semble n’annoncer rien de bon, pour autant, peut-être que les personnes concernées l’utilisent pour une raison ? Peut-être qu’elles ont effectivement besoin de ce rush d’adrénaline car elles travaillent mieux sous pression, et ainsi soit-il?
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Pour revenir aux devoirs, les enfants qui ont l’habitude de travailler à la dernière minute ont en tout cas le sentiment qu’ils ont d’autres chats beaucoup plus funs à fouetter que les devoirs. Entamons peut-être le dialogue autour du sens qu’ils donnent aux apprentissages et comment les rendre plus ludiques et vivants. Proposons de construire une autre vision de l’apprendre: plus douce, indulgente, respectueuse et créative (par exemple où se tromper, ce-n’est-pas-grave). Aidons-les à se remotiver de l’intérieur. A rentrer dans les apprentissages d’eux-mêmes donc plus tôt. Car s’y prendre tôt a du bon en termes d’organisation et de sérénité scolaires. C’est ce que dit la prochaine paire de lunettes.
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Paire de lunette n°2: je non-procrastine
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Considérons maintenant l’idée que faire de son temps un allié (par exemple en planifiant un programme de révisions sur la durée) puisse être dans certains cas non seulement nécessaire mais aussi libérateur (‘whaaat?’).
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Que ce soit au niveau scolaire, professionnel ou personnel, les bénéfices peuvent s’avérer nombreux lorsqu’on choisit l’allègement mental en procédant à l’élimination régulière des « applications de notre cerveau » qui autrement usent la batterie en arrière-plan alors qu’elle pourrait servir à autre chose.
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C’est là que les personnes organisées qui anticipent comme elles respirent– et dont le job serait au contraire d’apprendre la présence souple (qui me parle?)- peuvent inspirer celles qui font le contraire et qui sont demandeuses de rétablir la balance.
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Si notre objectif est lié aux apprentissages scolaires formels et donc à la mémorisation d’informations sur le long terme, dans ce cas non, la procrastination n’est pas tellement une amie.
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Qui n’a jamais révisé la veille d’un examen (lien)? Une technique adoptée par moults apprenants qui certes fonctionne pour la rétention à court terme (et encore, en cas de stress et retard de sommeil le taux de restitution est nettement réduit)… mais pas pour la rétention à long terme.
Or on a besoin de celle-ci: c’est en restant ancrées sur la durée que les connaissances vont pouvoir servir de fondations solides et ainsi faciliter la compréhension des connaissances à venir.
Plus j’ apprends, mieux j’apprends, c’est une question de circuits neuronaux: plus je sais de choses, plus je peux faire de liens entre elles, donc plus j’apprends facilement.
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De plus, notre cerveau a besoin de temps pour intégrer et ancrer l’information. L’espace temporel entre chaque session de travail est indispensable pour permettre le traitement de l’information au niveau profond. Sans ce temps de latence, les données sont certes accessibles mais superficielles donc évanescentes.
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En gros, réviser l’intégralité d’une leçon seulement une fois (la veille d’un exam) veut dire que les trois quarts seront oubliés une semaine plus tard et la totalité un mois plus tard.
On révise une bonne fois pour toutes la veille, youpi on retient le lendemain, sauf qu’après, notre cerveau fait son essentiel travail de tri. Oups!
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D’où la nécessité de prévoir des séances de révisions courtes et régulières. C’est l’ingrédient n° 1 pour passer de la mémorisation à court terme à la mémorisation à long terme, donc pour garantir des apprentissages solidement ancrés qui agiront comme tremplins pour ceux à venir.
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Alors nécessaire ok, mais libérateur quand même pas?
Si si quand même.
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Car comment nier que ce qui est fait n’est plus à faire ?
Et que cet allègement mental est absolument précieux à notre époque ?
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Voici donc 7 conseils pour découvrir les joies de la non-procrastination !
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°1° Aimer son futur soi.
Qu’on le veuille ou non, le temps va passer et la deadline va arriver. Faire maintenant et non plus tard ce qu’on a à faire peut être considéré comme un acte d’amour envers son futur soi: soulagé de la tâche en question on pourra remercier son soi du passé qui nous aura chouchouté en ayant le courage d’anticiper. Case cochée, voilà qui ouvre tout un espace pour le reste. Liberté!
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°2° Des sessions de révisions courtes et régulières.
Si la vraie deadline (le jour officiel de l’éval) est trop loin dans le temps à notre goût, et qu’on a du mal à trouver l’impulsion à cause de ça, rien ne nous empêche d’en créer des plus rapprochées. En vertu de ce qui a été dit plus haut sur l’inefficacité des révisions en gros bloc, on va donc se créer un programme de courtes sessions de révisions étalées dans le temps et visant chacune un objectif précis: tel jour sera consacré au chapitre 1, tel jour au chapitre 2, tel jour aux définitions, tel jour aux schémas. Ainsi la tâche paraît moins titanesque et on a une clarté sur ce que l’on doit avoir traité et quand.
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°3° Planifier par écrit.
L’agenda est ici le maître-mot (ou le bullet journal <3), mais une feuille de papier fait aussi bien l’affaire. L’idéal est de créer un tableau de la semaine avec d’une part les sessions de révisions et d’autre part les temps de repos, loisirs, détente, imprévus. Le fait de passer par cette phase en apparence coûteuse est un pas essentiel vers la mise en action car le fait d’écrire quelque chose programme l’inconscient à le faire.
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°4° Se réserver une récompense.
Il ne s’agit pas tant de carotte mais d’une juste gratification servant de fil rouge pour mobiliser le cerveau jusqu’au bout: malgré l’arrivée d’un perturbateur extérieur attirant mais hors sujet, je vais arriver à rester dans mon action car en plus de m’être fixé une date ou heure limite de travail, je vais avoir le plaisir de déguster mon carré de chocolat noir à la fin de ma session.
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°5° Éliminer les sources de distractions.
Téléphone, ordinateur, notifications, conversations en bruit de fond, etc. Je supprime tout ce qui est susceptible d’interrompre le fil de ma concentration, même s’il y aura toujours des distractions hors de mon contrôle bien sûr.
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°6° Rassembler toute son auto-discipline et passer à l’action.
Prendre de l’avance alors qu’il n’y a pas d’urgence, on comprend que ça puisse être difficile et ‘flemmant’: l’énergie n’est pas là puisque ça peut attendre. C’est normal et naturel. Mais la force d’avancer, la rigueur et la discipline sont des réserves présentes et activables chez chacun d’entre nous. Si les 5 étapes précédentes ont été checkées, alors il ne manque plus que ça: appuyer sur le bouton action !
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°7° Rester auto-indulgent.
Si malgré une volonté de fer et un programme en béton, on n’a pas réussi à atteindre son objectif, honorer une deadline ou rester constant, ne pas se culpabiliser! La non-procrastination n’est pas destinée à nous transformer en robots rigides et coincés. L’écoute de son rythme est tout aussi importante. Il s’agit là encore de trouver un équilibre: avoir une organisation claire, ordonnée, amie avec cette précieuse ressource qu’est le temps… tout en restant ouvert aux cycles, imprévus et aléas propres à la Vie.
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Si vous sentez que votre enfant a besoin d’être accompagné dans cette subtile danse entre présent et futur, autrement dit pour gérer plus sereinement l’afflux des demandes scolaires, vous pouvez me contacter ici .
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« d’autres chats beaucoup plus funs à fouetter que ses devoirs » x)
excellent article, as always ♥